GENEVE (25 avril 2014) – L’évacuation, en République centrafricaine, de minorités religieuses afin de protéger leur vie doit être une mesure de dernier recours mise en œuvre en consultation avec elles et en conformité avec les normes internationales, ont averti aujourd’hui deux experts onusiens des droits de l’homme.
Les rapporteurs spéciaux sur les droits de l’homme des personnes déplacées internes, Chaloka Beyani, et sur les questions des minorités, Rita Izsák, ont souligné que, même dans une situation aussi extrême que celle-ci, il est important de s’assurer que les communautés concernées soient en mesure de prendre leur propre décision. « Le dilemme entre rester et risquer sa vie ou être évacué est très lourd pour les membres des minorités religieuses en République centrafricaine », ont-ils ajouté.
« Les évacuations doivent être décidées au cas par cas, avec le plein consentement des personnes concernées. Il est important que chacun ait le droit de décider de rester ou d’être évacué avec la garantie d’un retour dans la sécurité et la dignité, une fois que les conditions le permettent », a déclaré M. Beyani, tout en soulignant le risque de déplacement prolongé et de nouvelles divisions au sein des communautés.
Mme Izsák a exprimé sa profonde inquiétude face à la situation des personnes déplacées, en majorité de confession musulmane, et réclamé la protection des droits des minorités. « La situation dans le pays est extrêmement grave et la nécessité de sauver des vies doit être une préoccupation majeure, au regard du niveau actuel de violence et de l’échelle des déplacements. »
« Une évacuation ne doit être entreprise que si elle est absolument nécessaire pour sauver des vies et ne doit engendrer qu’un déplacement à court terme, avec une perspective de retour dans le foyer », a déclaré l’experte sur les questions des minorités. « Qu’elles restent là où elles sont ou qu’elles soient évacuées, ces personnes doivent être protégées de façon urgente et pleinement consultées sur ce qui leur arrive dans le court, moyen et long terme. »
Le Rapporteur spécial Chaloka Beyani s’est félicité de la résolution du Conseil de sécurité visant à déployer une mission de maintien de la paix dans le pays, tout en se disant préoccupé par le fait que les composantes policière et militaire de la mission ne commenceront à être opérationnelles qu’à partir de la mi-septembre.
« Le temps presse et les personnes ayant besoin de protection ne peuvent pas attendre plus longtemps », a-t-il souligné. « Elles ont besoin d’être assurées qu’elles bénéficieront d’une protection immédiate et efficace contre les représailles. »
« Dans l’intervalle, le gouvernement doit recevoir un soutien adéquat de l’Union africaine, ainsi que des forces françaises et européennes », a déclaré M. Beyani, joignant en cela la voix des experts des droits de l’homme à celle du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon.
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CAR: Evacuation of internally displaced populations should be used as a last resort, UN experts warn
GENEVA (25 April 2014) – Evacuation to protect the lives of religious minorities under threat in the Central African Republic must be a measure of last resort and implemented in full consultation with them and in accordance with international standards, two United Nations human rights experts have warned today.
The Special Rapporteurs on the human rights of internally displaced persons (IDPs), Chaloka Beyani, and on minority issues, Rita Izsák, stressed that -even in such an extreme situation- it is important to ensure that the communities concerned are enabled to take their own decision. “The dilemma to either stay and risk one’s life or be evacuated is enormous for religious minorities in the Central African Republic,” they said.
“Evacuations have to be decided on a case by case basis, with the full individual consent of the persons concerned and it is important that everyone has the right to decide to stay or to evacuate with the guarantee of return in safety and dignity once conditions allow,” Mr. Beyani noted, warning about the risk of protracted displacement and further divisions amongst communities.
Ms. Izsák voiced her grave concern over the situation of the mainly Muslim IDPs and urged minority rights protections: “The situation in the country is extreme and saving lives must be a paramount concern in view of the current levels of violence and displacement.”
“Any evacuation should be essential and short-term with a prospect of return to their homes,” the expert on minority issues said. “Whether they stay where they are or are evacuated, those persons should be granted protection urgently, and fully consulted on what happens to them in the short, medium and long-term.”
Special Rapporteur Beyani welcomed the Security Council’s resolution to deploy a peacekeeping mission to the country, while expressing concern that the military and police component of the mission will only start to be operational in mid-September.
“Time is of the essence and the persons in need of protection cannot wait longer,” he highlighted. “They need to be assured that they will be afforded immediate and effective protection against reprisals.”
“The Government should receive adequate support in the interim by the African Union, French and European forces,” Mr. Beyani said, adding the voices of the human rights experts to that of the UN Secretary-General, Ban Ki-moon.