Situation in Aleppo and other parts of Syria “grotesque” – Zeid

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French version, see below

GENEVA (11 February 2016) – The UN High Commissioner for Human Rights, Zeid Ra’ad Al Hussein on Thursday expressed “utmost alarm” at the rapidly worsening human rights situation in and around the city of Aleppo and other parts of Syria, where he said “shocking violations and abuses are committed on a daily basis.”

“I condemn these horrendous acts unequivocally,” he said. “The warring parties in Syria are constantly sinking to new depths, without apparently caring in the slightest about the death and destruction they are wreaking across the country. Women and children, the elderly, the wounded and sick, the people with disabilities are being used as bargaining chips and cannon fodder day after day, week after week, month after month. It is a grotesque situation.”

“Since the latest offensive by Government forces began last week in the Governorate of Aleppo, reportedly accompanied by numerous air strikes by Russian and Syrian aircraft, some 51,000 civilians have been displaced and a further 300,000 are at risk of being placed under siege,” Zeid said, adding that dozens of civilians have reportedly been killed since 1 February. “We have also received numerous reports of destruction of civilian infrastructure, including at least three clinics and two bakeries since the launch of this latest round of hostilities,” he said.

The High Commissioner stressed that hundreds of thousands of civilians in other parts of Syria are also facing dire humanitarian conditions, particularly those under sieges imposed both by Government forces and affiliated armed groups, and by armed opposition groups, including ISIL.  

“In Moaddamiyat al-Sham, Madaya, Deir ez-Zour, Fuah and Kafreya people are in an utterly desperate situation, with many deaths, including of young children, as a result of severe malnutrition and lack of access to medical care,” he said.

·        In Moaddamiyat al-Sham, a town located a few kilometres from Damascus, since Government forces established a full siege in December, some 35,000 civilians have been enduring intense shelling and aerial attacks, and a dramatic deterioration of their living conditions, with food prices rising sharply and no infant-formula milk available.  While some food was delivered to the pro-Government eastern side of town, at least six civilians, including five children, died directly as a result of malnutrition in January, and more than 25 children under the age of two are said to be suffering from malnutrition and related health problems.

·        In Madaya, at least 26 people have died from malnutrition since the beginning of the year, despite the arrival of a large humanitarian convoy on 11 and 14 January, and at least 300 people – including women and children – are in need of immediate evacuation.

·        Some 200,000 people living under an ISIL-imposed siege in Deir ez-Zour are experiencing severe water shortages and a total lack of electricity. Reports indicate that several people accused of smuggling food into the city have been executed by ISIL fighters.

·        Despite the delivery of humanitarian aid to the villages of Fuah and Kafreya on 11 and 14 January, the situation remains grim as approximately 20,000 civilians remain under siege by the armed opposition groups Ahrar al-Sham and al-Nusra Front, who issued threats that they would slaughter the villagers in retaliation for Government actions against areas under their control.

“The deliberate starvation of civilians as a method of warfare constitutes a clear violation of international humanitarian law,” Zeid said. “The targeting of civilians, including thousands of children, is abhorrent and may amount to war crimes and crimes against humanity. Those responsible for such acts, including under command responsibility, must be brought to justice,” he added.

“I remind all parties of their obligations under international human rights law and international humanitarian law to protect civilians at all times and to allow full access to humanitarian relief, to collect and care for the sick and wounded, and not to take actions which would deprive civilians of their right to food and health,” the UN human rights chief said.

Zeid also stressed that the all parties to a conflict have obligations under international humanitarian law not to place the civilian population in peril by taking shelter amongst them, or in protected structures such as schools and hospitals.

“The peace talks in Geneva must be resumed as early as possible,” he said. “It is unconscionable that the various parties cannot even manage to sit around the table, when, because of their actions, more than a quarter of a million people have died, and the rest of the population is suffering to such a degree. A lasting peaceful resolution of this horrific war must be built on a solid foundation of human rights.

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La situation à Alep et dans d’autres parties de la Syrie est « grotesque » – Zeid Ra’ad Al Hussein

 

GENEVE (11 février 2016) –  Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a déclaré jeudi être « extrêmement alarmé » par la détérioration rapide de la situation des droits de l’homme à l’intérieur et aux alentours de la ville d’Alep et dans d’autres partie de la Syrie, où, a-t-il dit, « des violations et des abus choquants sont commis chaque jour ».

« Je condamne catégoriquement ces actes horribles », a-t-il déclaré. « Les parties belligérantes en Syrie s’enfoncent chaque jour un peu plus dans les abysses, sans se soucier le moins du monde de la mort et de la destruction qu’elles sèment dans le pays. Les femmes, les enfants, les personnes âgées, les blessés, les malades, les personnes handicapées sont utilisés comme monnaie d’échange et chair à canon, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois. Cette situation est grotesque. »

« Depuis le lancement, la semaine passée, de l’offensive des forces gouvernementales dans le gouvernorat d’Alep, qui aurait été accompagnée de nombreuses frappes aériennes par des avions russes et syriens, plus de 51 000 civils ont été déplacés et 300 000 autres risquent de se retrouver en état de siège », a déclaré Zeid Ra’ad Al Hussein. Le Haut-Commissaire a ajouté que des dizaines de civils auraient été tués depuis le 1er février. « Nous avons aussi reçu de nombreux rapports faisant état de destructions d’infrastructures civiles, y compris celle de trois cliniques et de deux boulangeries depuis le début de cette dernière vague d’hostilités », a-t-il dit.

Le Haut-Commissaire a souligné que des centaines de milliers de civils dans d’autres parties de la Syrie étaient aussi confrontés à des conditions humanitaires très difficiles, en particulier ceux qui vivent dans une situation de siège imposée soit par les forces gouvernementales et les groupes armés qui leur sont affiliés, soit par des groupes armés d’opposition, dont l’EIIL.

« A Moaddamiyat al-Sham, Madaya, Deir ez-Zour, Fuah et Kafreya, les gens sont plongés dans une situation absolument désespérée, avec de nombreux morts, y compris de jeunes enfants, causées par une malnutrition sévère et un manque d’accès aux soins médicaux », a-t-il dit.
·        A Moaddamiyat al-Sham, une ville située à quelques kilomètres de Damas, depuis que les forces gouvernementales ont imposé un siège complet en décembre, quelque 35 000 civils endurent d’intenses bombardements et attaques aériennes ainsi qu’une dégradation dramatique de leurs conditions de vie, le prix des denrées alimentaires ayant beaucoup augmenté et le lait de substitution pour enfant n‘étant plus disponible. Bien que de la nourriture ait été livrée à la partie orientale pro-gouvernementale de la ville, au moins six civils, dont cinq enfants, sont morts directement de malnutrition en janvier, et plus de 25 enfants de moins de deux ans souffriraient de malnutrition et de problèmes de santé.

·        A Madaya, au moins 26 personnes sont mortes de malnutrition depuis le début de l’année, et ce en dépit de l’arrivée d’un important convoi humanitaire les 11 et 14 janvier. Au moins 300 personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants,  ont besoin d’être évacuées immédiatement.

·        Environ 200 000 personnes vivant dans une situation de siège imposée par l’EIIL à Deir ez-Zour sont confrontées à de graves pénuries d’eau et à une absence totale d’électricité. Des rapports indiquent que plusieurs personnes accusées d’avoir introduit de la nourriture en contrebande dans la ville ont été exécutées par des combattants de l’EIIL.

·        En dépit de l’acheminement d’aide humanitaire dans les villages de Fuah et Kafreya les 11 et 14 janvier, la situation reste difficile, quelque 20 000 civils vivant toujours dans un état de siège imposé par les groupes d’opposition armés Ahrar al-Sham et le Front al-Nusra, qui ont menacé de massacrer les villageois en représailles pour les actions menées par le gouvernement dans les territoires sous leur contrôle.

« Le fait d’affamer délibérément des civils comme méthode de guerre constitue une violation manifeste du droit international humanitaire », a déclaré Zeid Ra’ad Al Hussein. « La prise pour cible de civils, dont des milliers d’enfants, est abominable et pourrait constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Les personnes responsables de tels actes, y compris celles ayant responsabilité de commandement, doivent être traduites en justice », a-t-il ajouté.

« Je rappelle à toutes les parties leurs obligations, au regard du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, de protéger les civils en tout temps et de permettre un accès complet à l’aide humanitaire, de recueillir et soigner les malades et les blessés, et de ne pas prendre d’actions qui pourraient priver les civils de leur droit à la nourriture et à la santé », a dit le Haut-Commissaire.

Zeid Ra’ad Al Hussein a aussi souligné que toutes les parties au conflit ont l’obligation, en vertu du droit international humanitaire, de ne pas mettre en péril la population civile en se réfugiant en son sein ou dans des structures protégées, dont les écoles et les hôpitaux.

« Les négociations de paix à Genève doivent reprendre le plus tôt possible », a-t-il indiqué. « Il est inadmissible que les différentes parties ne parviennent même pas à s’asseoir autour d’une table alors que, du fait de leurs actions, plus de 250 000 personnes sont mortes et que le reste de la population endure de telles souffrances. Un règlement pacifique et durable de cette horrible guerre doit être construit sur une solide base de droits de l’homme. »